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Les écrits de Juliette

Octobre 2019-Juillet 2020 :
8 mois aux côtés de l'Université du nous, 8 mois de rencontres, 8 mois de questionnements, 
partagés ici avec vous.

Article#2

Se préparer à aller à la rencontre d'organisations, considérations méthodologiques

 Un article qui apporte sans doute plus de questions que de réponses et qui retrace les débuts de cette étude d’impact, les questionnements, les choix méthodologiques : Qui rencontrer ? Dans quelle intention ? Et avec quel format ? 

 

A la recherche de l’intention 

 

Au début du projet « Juliette (en)quête », j’imaginais composer une enquête, au croisement d’une approche sociologique et des méthodologies d’étude de l’impact social soit « l’ensemble des changements positifs ou négatifs, attendus ou inattendus. ». Si vous voulez jeter un œil dans le monde de la mesure d’impact social, je vous conseille ce chouette article de Make Sense. Six mois après, j’ai beaucoup adapté – à l’Université du nous, ils diraient plutôt piloter dynamiquement – à partir des besoins et possibilités du moment (et du coronavirus !). Le choix s’est porté sur une approche qualitative, avec la décision de mener un projet plus quantitatif en parallèle. 

            

Avec ma curiosité sous le bras et cette envie d’aller rencontrer des structures engagées dans une transformation de leur mode de faire ensemble, j’avais la sensation d’être plutôt au clair sur mes intentions personnelles. Mais quels étaient les objectifs pour l’Université du Nous ? Lydia, 1ère Lienne de l’Université du Nous, a mis en lumière plusieurs aspects : nourrir le bilan des dix premières années d’existence de l’association, pour fermer un cycle avant d’ouvrir le prochain. Concrètement, comment est-ce que les accompagnements de l’Université du Nous sont venus impacter les organisations, les individus, les relations ? Et comment déployer des actions futures en ayant une lecture de l’impact passé ? 

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Lydia Pizzoglio et Laurent Van Ditzhuyzen présentent la démarche d’étude d’impact menée par l'Université du Nous à l'occasion de ses 10 ans.

Affiner les choix, les questionner et communiquer avec humilité

 

Les bénéficiaires de l’Université du nous sont nombreux : les membres passés et présents de l’Université du nous eux-mêmes – qui feront l’objet d’un prochain article –, les participant·es aux différents séminaires proposés et les organisations accompagnées par l’Université du nous puis par la coopérative Hum!, issue de l’Université du Nous. De mon côté, je me focalise sur les organisations accompagnées. Une collecte de retours à destination des participant·es aux séminaires est également lancée et pour y répondre c’est par ici ! 

 

L’intention de départ posée, s’ouvrent les autres champs de questionnement, de la construction d’une grille d’entretien semi-directif aux choix des structures rencontrées. Quels mots employer lors des entretiens ? Si le langage structure la pensée, comment éviter de poser des questions que la personne ne se pose pas ou dans des termes qui ne sont pas les siens ? Comment je me présente lorsque je vais assister à des réunions de professionnels au sein d’une multinationale ou dans un habitat groupé ? Et comment créer de la confiance avec les personnes qui acceptent de partager ce qu’elles vivent lors d’un entretien ? J’entends en toile de fond les propos de Florence Weber  & Stéphane Beaud dans leur Guide de l'enquête de terrain: produire et analyser des données ethnographiques, qui a contribué à me donner de l’ancrage : 

 

 « Chacun de vos interviewés exprime, pour vous, dans le cadre de cette interaction particulière, un point de vue singulier. Plus vous ferez apparaître la singularité de ce point de vue plus l’entretien sera intéressant [...] » [1]

 

Aussi, comment articuler ce travail de recherche entre la volonté de récolter des retours qui viennent questionner les pratiques, nourrir leur amélioration et en même temps le projet de communiquer sur cette mesure d’impact, de valoriser les retours. Comment communiquer en assumant les faiblesses, les passages à vide, les regrets qui composent l’expérience ? Comment communiquer en respectant la confidentialité exigée sur certains points par les interviewé·es qui partagent leur expérience au sein de leur structure ? Et finalement, comment communiquer avec humilité ? Je dois dire que je me sens un peu funambule !

Mais qui vais-je aller voir ? Privilégier des discours dynamiques.

En 10 ans, l’Université du Nous a eu le temps de croiser beaucoup de structures sur sa route : pas facile de faire des choix ! Malgré mes envies de rencontres innombrables, nous avons un choix à faire. Un choix qui prend en compte la volonté de récolter des retours au sein de structures variées, actives dans différents champs, avec des tailles de groupe différentes. Et qui concilie aussi ces critères avec ceux du temps à y consacrer, du coûts des trajets, de la faisabilité des distance et surtout de la réalité de la durée de retranscription d’entretien (qui parfois semble infinie). 

 

Après recalibrage du projet, j’espère mener des entretiens notamment au sein de la coopérative Enercoop, d’un entrepôt logistique de Décathlon en Ile-de-France, d’une boulangerie coopérative Le Pain des Cairns à Grenoble, d’un centre d’hébergement d’urgence de l’Armée du Salut à Paris, d’Ecoravie, habitat partagé dans la Drôme, de la Fédération des professionnels de Gestalt thérapie, et peut-être d’un réseau associatif comme Transition Network. L’arrivée du coronavirus a mis un coup d’arrêt aux déplacements et rencontres en présentiel : une nouvelle réadaptation !

Une autre question clef : comment choisir les personnes interviewées au sein des structures ? Après un échange avec Mathias Lahiani, actif au sein du Laboratoire d’engagements qui travaille notamment sur la mesure d’impact, je décide de privilégier des discours dynamiques, et donc de rencontrer des personnes qui étaient dans la structure avant l’accompagnement et peuvent  témoigner des évolutions. Je me mets aussi en quête de différent points du vue au sein d’une même structure : quelle peut être par exemple la différence de vécu entre la direction historique qui a initié ce nouveau mode de faire ensemble et l’équipe qui n’a pas vécu la phase de choix de cette nouvelle dynamique ? 

 

Après réflexions et échanges, nous avons fait le choix d’essayer de composer un panel qui soit divers en terme de genre, d’âge, de rôle et de statut au sein des structures. A ce jour, les personnes rencontrées sont majoritairement dans des fonctions de direction ou d’encadrement. Je prends en compte ce biais dans mon travail de synthèse et tente d’élargir le panel. Avoir ces interrogations en tête et les pistes de réponses variées que je peux y apporter me permet, je l’espère, de prendre du recul sur la démarche tout en la menant à bien ! 

 

Cet article fait partie de la série Juliette (en)quête et a été rédigé en avril 2020.



[1] Beaud & Weber, 2017, p.157